Jupille historiquement votre.
Les anciennes graphies de ce nom "Jopila" en 714 et "Jopilla" en 868, signifient " maison de Jopilla ".
Jupille appartint de bonne heure à la famille des Pépin qui y possédait un château ou palais. Pépin de Herstal et sa femme Plectrude s'y trouvaient, le 15 novembre 687, jour où ils firent une donation en faveur d'un monastère. Le diplôme qui constate ce fait comporte la mention "in palatio Joppiliensi" (du palais de Jupille). Le duc Arnulphe, petit-fils de Pépin de Herstal, s'y trouvait également le 27 juin 706 : "in villa Oppilla".
En 712 Pépin de Herstal, maire du palais, y reçut son souverain, le roi Dagobert. Enfin, deux ans après, il y mourut. A partir de cette époque, le palais de Jupille semble avoir été délaissé pour celui de Herstal.
Toutefois, il est probable que Charlemagne y soit né le 2 avril 742. Cette hypothèse est notamment confirmée par "de Limbourg", puisqu'il écrivit : " Les traditions du pays portent que Charlemagne naquit à Jupille où son père Pépin avait un château, dont la proximité de Liège rend l'authenticité de ses historiens plus certaine " et par Dubosc qui soutient que " Charlemagne nasquit selon la tradition du Pays dans Joupille auprès de Liège, c'est-à-dire, dans le coeur de la duché de la Basse Lorraine, quelque effort que les allemands fassent en vertu d'une tradition pour le faire naistre chez eux ".
Le domaine de Jupille resta dans la famille des rois carolingiens. Le partage qui se fit de l'Austrasie en 870, et qui fut confirmé par le traité de Fouron, en 878, attribua Jupille à Louis le Germanique, dont les descendants régnèrent sur l'Allemagne.
En 1008, l'empereur Henri II fit donation du domaine de Jupille à l'évêché de Verdun qui, en 1266, le vendit à l'église de Liège. Depuis cette époque, Jupille appartint aux évêques de Liège. Le village proprement dit fut, à différentes reprises, cédé par eux en engagère quand ils avaient besoin d'argent. Ce fut le cas en 1619 à Guillaume Fayn, en 1679 à N. de Rossius, de 1777 à 1784 au baron de Rosen de Melen.
Le domaine de Jupille était très considérable : il comprenait Robermont, Beyne, Fléron, Beaufays, Colonster, Prayon, la Basse-Fraipont, Forêt, Gomsée, Chênée, Grivegnée, Weez, Longdoz, Bressoux, Evegnée, Magnée, Micheroux, Chaudfontaine, Bellaire, Queue-du-Bois et Vaux-sous-Chêvremont. Toutes ces localités ressortissaient à la haute cour de justice de Jupille dont les membres étaient nommés par le prince évêque. Ce domaine de Jupille s'appelait aussi " l'Avouerie d'Amercoeur " parce que, possession ecclésiastique, il eut dans le principe des avoués, c'est-à-dire des seigneurs chargés d'y maintenir les droits de l'évêque et de protéger les habitants contre la violence.
La dignité d'avoué de Jupille ou du "Pont d'Amercoeur" appartenait aux ducs de Limbourg. Elle arriva par héritage, sur la tête du prince évêque Adolphe de la Marck. Depuis cette époque, elle ne fut plus rétablie.
Les habitants de Jupille jouissaient à Liège de l'exemption du droit de tonlieu, aux mêmes conditions que ceux de Grivegnée.
Les échevins de Jupille semblent n'avoir pas possédé de sceau commun avant la fin du 13ème siècle. Leur premier sceau date vraisemblablement de 1297, année en laquelle Jean, élu de Verdun, vendit au chapitre de Saint-Lambert le domaine de Jupille qu'il tenait depuis plusieurs années en accense.
Ce sceau, dont des empreintes ont été appendues à des chartes, représentait un château fort accosté d'une étoile et d'une fleur de lis, le tout entouré de la légende " S.Scabini curie de Jupillia ".
Au 17ème siècle, le " Sigillum altae curiae et justitiae jupiliensis" était à l'effigie de saint Amand, patron de l'église locale.
L'arrêté royal du 24 octobre 1954 a autorisé la commune de Jupille à faire usage d'un sceau qu'il décrit comme suit : " un château fort accosté à dextre d'une étoile et à sénestre d'une fleur de lis".
Notons qu'en 1952, la commune de Jupille avait demandé que lui fussent reconnues les armoiries - burelés d'or et de gueules de dix pièces à la bordure componnée de sable et de sinople - de la famille de Jupille. Cette maison, qui possédait la seigneurie de Saive et de la châtellerie de Cornillon, n'avait jamais exercé de juridiction à Jupille, cette demande fut refoulée et l'on préféra reconnaître à cette commune le droit de se servir de son ancien sceau du 14ème siècle. Le château de celui-ci rappelle vraisemblablement l'anciennne demeure royale de Jupille.
(Synthèse de Armorial des provinces et des communes de Belgique, Crédit Communal de Belgique, p. 248 - 249)