Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
24 octobre 2019 4 24 /10 /octobre /2019 12:35

 

En préambule

La fête au hameau des Bruyères à Jupille-sur-Meuse


 

Dès les temps les plus anciens, dans les diverses civilisations, la fête ou les fêtes occupent une place prépondérante dans la vie, que ce soit dans l'Égypte des Pharaons, dans la Grèce ou la Rome antique, chez les Incas, les Mayas, les Aztèques …

 

Chez les Grecs et les Romains de l'Antiquité, il semblerait même que le nombre des jours de fêtes dépassait celui des jours ouvrables et, dans les stades de Rome, les citoyens scandaient "Panem et Circences" ou "Du pain et des jeux". Les banquets faisaient également partie des célébrations.

 

La fête répond donc à un besoin fondamental de l'être humain et est indissociable de celui tout aussi essentiel qu'est la nourriture.

 

Dès lors tout naturellement, l'Église catholique a, elle aussi, veillé à répondre à ces nécessités. Aux prêtres, elle a confié notamment le soin d'organiser des fêtes paroissiales (la paroisse, en quelque sorte la commune de l'Église), événements auxquels était convié l'ensemble des paroissiens.

 

Ainsi, la paroisse de Bois-de-Breux, fondée en janvier 1840, organise une grande fête le long de l'actuelle rue de Herve, de l'église à la place du Souvenir (à 30 m. de la Charnale). Les réjouissances commencent au début août par des fêtes campagnardes et foraines chez les "Djoyeûs d' Bwès-d'-Breû" ou "Joyeux de Bois-de-Breux" et se terminent fin août par des jeux et cortèges et "l'ètér'mint d' Matî l'Ohê" ou "l'enterrement de Mathieu l'Os" chez les "Anoyeûs dès Bruwîres" ou les "Tristounets des Bruyères". Parfois, la baronnie De la ROUSSELIÈRE s'associe à cette fête paroissiale et ouvre largement les grilles du domaine de Fayen-Bois.

 

Mais la paroisse ne correspond pas à la commune car d'essence et de limites différentes. Au hameau des Bruyères, dans la commune de Jupille, mais dans lequel une partie de la paroisse de Bois-de-Breux est tracée, la distance est longue pour rejoindre les "Djoyeûs" et encore plus longue pour descendre vers le centre de Jupille. Aussi, les quelques rares résidents des Bruyères de la deuxième moitié du 19ème siècle se sentent isolés, restent chez eux et se voient taxés "d'Anoyeûs".  

 

La guerre 1914-1918 (du 4 août 1914 au 11 novembre 1918) provoque la suspension de la fête paroissiale de Bois-de-Breux jusqu'en 1919. La brutalité de l'attaque et les dures privations imposées à la population pendant ces quatre années ont engendré la misère. Ce n'est qu'en août 1920 qu'une timide renaissance de la fête paroissiale a lieu à Bois-de-Breux tandis que rien ne s'organise au hameau des Bruyères.

 

Le besoin de "faire la fête" taraude les résidents des Bruyères qui ne cessent d'affluer de divers horizons. C'est un sujet habituel de leurs conversations. Une douzaine d'entre eux décident de se réunir régulièrement. De ces douze personnes, un trio va émerger

- Barthélemy (mieux connu sous le sobriquet de Biètmé DESSART

- Jean THONNARD

- Jean LASSAUX,

 

Création du cercle festif "Bruyères-Attractions" le samedi 10 juin 1922

 

 

Le fanion du cercle "Bruyères –Attractions" au local des pensionnés

(photo : 08/2018 - Octave WARZÉE)

 

 

Et la fête aux Bruyères s'organise la première fois fin août 1922 dans les prairies que Gilles ETIENNE loue à des fermiers/métayers. Ces terrains s'étendaient sur le versant méridional de l'actuelle rue de Bois-de-Breux, entre les actuelles voie MÉLOTTE et rue BODSON.

 

Mais les activités agricoles ne peuvent s'accommoder qu'un temps de l'inutilisation de pâtures, du déplacement du bétail, des dégâts aux clôtures, du creusement d'ornières qu'il faut combler... Il faut trouver un meilleur endroit pour y ouvrir la fête !

 

Le bagout, l'entregent, les relations de Jean THONNARD de « Bruyères-Attractions » font avancer les débats entre le cercle, la commune de Jupille et le propriétaire Gilles ETIENNE.

 

Début année 1931, des contacts ont lieu entre les résidents des Bruyères, des représentants de « Bruyères-Attractions » et les élus communaux et fort probablement que Jean THONNARD et Jacques LEMAIRE, conseiller dès octobre 1927 et échevin dès avril 1931, jouent un rôle déterminant tant par leur esprit de persuasion que de conciliation : voir à ce sujet l'article « À travers la Place Gilles ETIENNE, au hameau des Bruyères à Jupille-sur-Meuse » d'Octave WARZÉE.

 

Août 1931, première fête annuelle sur la place Gilles ETIENNE

 

Localisation

 

La fête annuelle des Bruyères aura lieu fin août et commence le samedi pour se terminer le jeudi suivant.

 

En bas de la place Gilles ETIENNE en 1931, se situent les commerces ROUYR et WILMOTTE ; à l'angle inférieur droit, l'immeuble de Jean et Marie HABRAN-HERZE et en haut la Chapelle Notre-Dame des Bruyères à droite et la grosse ferme de Gilles ETIENNE à gauche.

 

 

Le groupe du cercle "Bruyères-Attractions" et son drapeau posant devant

 le dancing dans le verger où se construira la Cité André RENARD en 1965

(photo : Louis PÂQUE)

 

 

Jusqu'en 1963, année du début de la construction de la cité André RENARD, les roulottes, la guinguette et le pavillon de « Bruyères-Attractions » se positionnent sur les terres des anciens propriétaires Jean et Henri HERZE tout en haut de la place. De mémoire des résidents, après 1963, la guinguette est installée en haut de la place, à l'entrée de la cité André RENARD. Les scooters (autos tamponneuses) prennent place, eux aussi, en haut de la place, dans l'axe de la rue des Pocheteux. Tout en bas, il y a souvent « la chenille » et « le carrousel à chaînes ».

 

Afin de toucher tous les habitants des Bruyères, pendant plusieurs années, en plus de la place Gilles ETIENNE, des attractions légères se localisent sur la placette près de l'école des Bruyères et à l'angle des rues Docteur BORDET et de la Libération.

 

En 1932, 33, 34, 35, 36, 37, 38 et 39 notamment, une promenade musicale, un bal populaire et une bataille de confetti se déroulent place Hors-Ville dans le nouveau quartier de Jupille.

 

Programmes des fêtes

 

Ceux-ci sont évoqués succinctement vu la richesse et la diversité de leur contenu. La plupart du temps, l'ouverture des festivités commence le samedi par les aubades traditionnelles et la fanfare de Nicolas MOËS tandis que son orchestre (appelé, lui, The Family Moesters) anime certains bals.

 

Le dimanche matin, un hommage est rendu aux victimes des guerres au gisant du cimetière des Bruyères et à l'enclos des héros au cimetière de Bois-de-Breux, rue Servais MALAISE. Au fil du temps, l'hommage se déroule seulement en face de la chapelle de la Vierge, en haut de la place Gilles ETIENNE, devant la plaque en marbre qui rappelle la disparition pendant la 2ème  guerre mondiale d'Ernest YERNA ( le frère de Marcel) et de Barthélemy DESSART, un des trois fondateurs avec Jean LASSAUX et Jean THONNARD de Bruyères-Attractions.

 

Les courses cyclistes

 

A la fin de certaines, le prix « Jean ROSSIUS » ou le prix « Hubert DELTOUR », gloires cyclistes locales, est attribué. 

Jean ROSSIUS (1890-1966) entre 1913 et 1930 participa entre autres à Liège-Bastogne-Liège, Paris-Bruxelles, le Tour de France... En fin de carrière, il tint un commerce d'articles cyclistes au n° 94 rue de Meuse. 

Hubert DELTOUR (1911-1993) brilla lui aussi dans pas mal de compétitions internationales dont le Tour de France, Paris-Bruxelles et des critériums...  

 

Les sites d'arrivées et départs des courses varient. Tantôt, elles partent du café DAIGNEUX-CLOSE à l'angle des rues Charlemagne et de Bois-de-Breux (la petite partie), tantôt de la place Gilles ÉTIENNE, en face de la boulangerie WILMOTTE ou du local de pétanque, rue des Houx. Souvent, elles arrivent dans la première ligne droite de la rue des Pocheteux, à quelques mètres de l'actuel club des pensionnés, ou dans la rue Docteur BORDET.

 

Les bals, dont celui du Président de Bruyères-Attractions, occupent un créneau important. Parmi les formations, remarque-t-on dans les années 70, l'orchestre de Jo CARLIER, trompettiste de talent connu internationalement et habitant de Bois-de-Breux,

 

On ne peut passer sous silence les soirées de gala. Ainsi on peut assister à l'opéra « CARMEN » en 1933, la comédie « Les surprises du divorce » en 1935, l'opérette « Li Bohémienne » en 1964 ...  « La Belle de Cadix » en 1966... et bien d'autres encore avec des artistes venus de divers opéras tant belges que français, de théâtres français... et des membres de Bruyères-Attractions.

 

Un grand concours international d'accordéon est organisé (en 1938, 1939)... Des ballets sont dansés par les « Girls de Bruyères-Attractions ». On peut encore citer des concours de bébés en 1935, de photogénie, d'élégance féminine, de grimaces (pour hommes) en 1939, un corso fleuri, des batailles de confetti, le concours de pétanque, le théâtre de marionnettes... Cette liste n'est pas exhaustive.

 

 

Le tir aux pipes réveille la vivacité du chasseur qui sommeille en nous

(photo : 08/1993 - Octave WARZÉE)

 

 

Plaisir-charité

 

Bruyères-Attractions en avait fait sa devise. Le comité des fêtes, outre l'organisation des festivités, se donne aussi pour but d'aider les plus démunis. Les listes de souscription pour l'organisation des fêtes rapportent beaucoup, les gains engendrés par les attractions également. Les bénéfices seront destinés à aider les plus déshérités tels que les handicapés polio-respiratoires, les enfants handicapés abandonnés, la recherche médicale contre le cancer à Liège, le prix de l'effort aux élèves de nos écoles... Des millions de francs à l'époque furent distribués pendant les 89 ans d'existence de « Bruyères-Attractions ».

 

En mai 2012, la liquidation de l'asbl "Le cercle royal ( depuis 1962) Bruyères-Attractions" a été prononcée par le Tribunal de Commerce de Liège. Le drapeau jaune et vert (au départ rose et vert) se trouverait à l'actuel club des pensionnés rue des Pocheteux.

 

Les membres de Bruyères-Attractions

 

Il faut rendre hommage aux Présidents, Vice-Présidents, Trésoriers, Trésoriers-adjoints, Secrétaires, Secrétaires-adjoints et Membres qui se sont engagés, dévoués et ont ainsi contribué à faire le grand succès de la fête des Bruyères sans oublier les commerçants, les habitants qui eux aussi ont apporté leur concours. Nous ne pouvons les citer tous et c'est dommage parce qu’ils méritent vraiment d'être reconnus.

 

Cependant, une figure émerge car il incarnait vraiment Bruyères-Attractions : son Président-fondateur : Jean THONNARD (1903-1986). Inlassable organisateur, démarcheur-collecteur, il a noué des contacts, établi de nombreuses relations, fait venir des artistes renommés d'horizons divers, tant d'opéras que de variétés ou des musiciens. Et il n'a pas rechigné non plus à monter sur scène : par exemple en 1934, « Grand Eden-Concert » avec le concours de ... Jean THONNARD, gai comique, en 1935, acteur dans la comédie «  Les surprises du divorce ».

 

 

Jean THONNARD (au centre) et son comité (de g. à dr : Mathieu 

MEULENBERG, ?, Mathieu PAUCHENNE et Nicolas MOËS

(photo : Louis PÂQUE)

 

 

"Dès les préparatifs de l'édition de 2017, un groupe de jeunes, vêtus de tee-shirts de couleur bordeaux à l'enseigne de "Jeunes Indeps", a proposé son aide afin d'innover et relancer/diversifier l'organisation de la fête. Lors de la création de ce groupe en 2013, six jeunes, tous issus de l' Institut Notre-Dame de Jupille (INDJ), ont œuvré à la (re)création d'un comité de jeunes à Jupille alors qu'ils ne résidaient pas tous à Jupille. Afin d'attirer de futurs membres, ces jeunes ont ajouté "Indeps" à la désignation de leur asbl afin de bien signifier qu'il n'était pas obligatoire d'être Jupillois pour y adhérer, sachant néanmoins que leur champ d'action reste principalement jupillois. Au fil des années 2017, 18 et 19 ce groupe a innové ou repris d'anciennes habitudes/caractéristiques propres à la fête, à titre d'exemples : inauguration/ouverture, cave à bières, soirée dansante, fricassée, cortège/aubades d'une clique locale dans les rues du quartier, quiz musical, jogging, tournoi de pétanque, souper, etc. .

________________________


 

Documents consultés :

- programmes de la fête des Bruyères collectionnés par Laurent NISSEN ;

- article d'Info-quartiers du journal « La Meuse » du 22.08.1996 par G. LECOCQ.


 

Texte et mise en pages : Georgette CALIFICE de la Commission d'Histoire Locale de Jupille-sur-Meuse (en collaboration avec Octave WARZÉE) ;
Relecture : Ida DETILLEUX ;
Photos : Louis PÂQUE et Octave WARZÉE.
Webmaster : Alfred Jamin

Partager cet article

Repost0

commentaires

Présentation

  • : HISTOIRE LOCALE de JUPILLE-SUR-MEUSE
  • : Ce Blog est destiné à tous les habitants de Jupille-sur-Meuse, qui souhaitent en savoir un peu plus sur leur commune.
  • Contact

Texte Libre

Recherche