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14 mars 2016 1 14 /03 /mars /2016 16:01

Comme partout ailleurs, il y avait à Jupille quelques arbres remarquables. Parmi ces derniers, deux brillaient particulièrement, il s'agissait de deux "tiyoux - tilleuls" multicentenaires.  La tradition leur accordait presque mille ans.  Le premier planté le long de la pente de "Baille-Colleye - Barrière de Nicolas"  fut abattu, après décision communale, dans l'indifférence générale en 1846.  Le deuxième était beaucoup plus populaire (des manuscrits de 1514 l'attestent) et visible parce que planté sur Gît-le-Coq, le centre historique du village ;  cela va lui permettre de survivre une cinquantaine d'années.

le tilleul aujourd'hui disparut, devant l'actuel presbytère.

le tilleul aujourd'hui disparut, devant l'actuel presbytère.

La tradition locale prétend que peu après le dimanche 18 juin 1815, un des vainqueurs de Napoléon Bonaparte à Waterloo, le général prussien Gebhard Leberecht von Blücher (1742 - 1819) s'arrêta sous la ramure du vieux tilleur afin de consulter ses cartes lui indiquant de franchir la colline des Houlpays pour atteindre la Germanie.

Gebhard Leberecht von Blücher.

Gebhard Leberecht von Blücher.

Peu éloigné du presbytère, le tilleul inclinait ses frondaisons par-dessus la chapelle Notre-Dame de Beaurepart (détruite en 1850), vers la Place du Bac (fontaine d'Alpaïde ou de Saint-Lambert) et sur la Pierre de Justice.  Néanmoins, certains voisins se plaignaient de l'importance de sa couronne et, par conséquent, de l'ombre qu'il maintenait figée sur le sol.  

Le lundi 18 décembre 1899, deux cognées vont lui lacérer l'écorce et le faire basculer.  Après l'ouvrage, les deux bûcherons, les sieurs Olivier Halboister, dit Falowesse, 1837 -1909, lutteur bien connu à Jupille et dans la périphérie liégeoise (il avait une salle d'initiation à laquelle on accédait par la Place de Meuse, il était contemporain du champion du monde Henri Herd de la Rue Jean Warroquiers en Outre-Meuse - dit Constant le Marin, 1884 - 1965) et un certain Huges vont absorber un réconfortant dans un estaminet voisin et ils y prennent froid.  Quant à la dépouille de l'arbre, elle va échouer sur les wagonnets de la scierie de Joseph Fivet (actuel restaurant 111), près de chez le fermier Reynders (à l'endroit de la rampe vers le Pont Prévers), en face des Cours, afin d'être scrutée par l'oeil averti du pharmacien Edmond Jacquemotte (1867 - 1931) du 35 de la Rue Chafnay.  Ce dernier, comptant les stries concentriques du bois de coeur, détermina que le tilleul avait huit à neuf cents ans. 

l'actuel restaurant "le 111"

l'actuel restaurant "le 111"

Onze jours plus tard, soit le vendredi 29 décembre, le bûcheron Huges décède et son confrère est bien malade. "Malédiction" vocifèrent les uns, on n'abat pas un arbre presque millénaire, dont les rameaux vonr devenir des reliques.  Peu de temps après, le notaire André Mouton de Gît-le-Coq (il avait racheté le terrain de la chapelle de Beaurepart détruite en 1850 pour y établir sa demeure), qui lui aussi se plaignait des nuissances de l'arbre ancestral, mourut et puis le bourgmestre Désiré Simonis, lui aussi, passa de vie à trépas.  Décidément, le vieux tilleul portait malheur.

 

Ce long mur qui marquait jadis la limite du couvent des Minimes avait 200 ans en 1929 écrivait feu Madame Piedboeuf.

Ce long mur qui marquait jadis la limite du couvent des Minimes avait 200 ans en 1929 écrivait feu Madame Piedboeuf.

En novembre 1908, pour son premier anniversaire et tenant compte de l'indignation qu'avait provoquée l'abattage du vieux tilleul, la Société du Vieux Jupille en planta un nouveau à peu près au même endroit.  Une pierre fut gravée et inscrite, dans l'axe de la Rue Pépin-le-Bref, dans le bas du haut mur de la brasserie Piedboeuf, il y était ciselé : "Li 28 novimbre di l'an 1908, ci tioû chal a stu planté el plèce d'in aute qu'y a viké pu di 600 ans.  Inmans l'djône come nos tåys inmit l'vî ; i nos dårè tot parèy' si åbion et s'fleur  = Le 28 novembre de l'année 1908, ce tilleul-ci a été planté à la place d'un autre qui y a vécu plus de 600 ans.  Aimons le jeune comme nos aïeux aimaient le vieux, il nous donnera tout pareil(lement) son ombre et sa fleur".  Avec la disparition de la tour et de certains hauts murs à l'arrière de la brasserie sur Gît-le-Coq, la plaque commémorative, inscrite dans le haut mur dans l'axe de la Rue pépin-le-Bref, a maintenant, elle aussi, disparu.

 

 

La tour de la brasserie Piedboeuf.

La tour de la brasserie Piedboeuf.

Le lutteur Olivier Halboister (1837 - 1909) était un colosse moustachu doté d'une force peu commune.  Il a longtemps travaillé aux Chaudronneries Piedboeuf (1812 - 1947) et résidait à l'angle inférieur de la Rue Pokietonov (ancienne Rue Médard), là où elle débouche dans la rue Charlemagne.  Le voisin d'Olivier était son frère, Mathieu, ardoisier de profession.  Olivier et son épouse, Pétronille Guillaume (1837 - 1911), avait 11 enfants ; son frère en avait 17, soit 28 enfants pour 2 maisonnettes.

angle inférieur de la Rue Pokietonov et de la Rue Charlemagne.

angle inférieur de la Rue Pokietonov et de la Rue Charlemagne.

Cet article a été rédigé par O.Warzée en collaboration avec la Commission d'Histoire locale de Jupille.

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commentaires

A
Lès tiyous<br /> « Li 28 novimbre di l'an 1908, ci tiyou chal a stu planté èl plèce d'in aute qu'y a viké pu di 600 ans. Inmans l'djône, come nos tåys inmit l'vî, i no dôrè to parèye si åbyon èt sès fleurs. » <br /> Les accents étaient-ils absents sur la plaques commémorative?<br /> Est-ce une copie ou traduction?
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